Te prendre par la main;
Déployer ses ailes,
S'envoler.

La nuit glaciale et mortelle tombait peu à peu; renfermant dans ses griffes sales le jour gris qui l'avait précédée.
Des effluves malodorantes remontaient d'on ne sait où. Vertes. Quelques tombes éparpillée sortaient encore du sol boueux; la neige déjà fondu faisait à l'instar de l'encre encore fraiche un tapis d'empreintes éparpillées, écrasées, torturées.
Un mâle brun de taille moyenne aux muscles fin et aux membres déliés marchait
- le terme de 'promenade' aurait été malvenu dans le cade présent - , la tête basse, les hanches fines qui faisaient
mine de se déboiter à caque pas, à chaque glissade malencontreuse. Une odeur plus fine que les autres passa
à travers la cloison délicate de ses naseaux pincés.
Puis, plus rien; un vent froid souleva violemment crins & fragrances.
Quelques gouttes froides commencèrent à tomber, se transformant rapidement en neige;
accumulant la bouillasse du cimetière.
Vraiment un temps à rester à couvert. Bien protégé sous les arbres.
Quelle folie ...
Une silhouette trempée lui apparue alors au milieu des tombes grisâtres couvertes d'une mousse pourrie.

'Il n'as pas Aesaheatter.
Sans Aesaheatter, son armée et lui seront vaincus.
Et nous pourrons festoyer pendant des années mes petits ! '
Il éclata de rire et se mit à ronger le vieil ose puant [...]

Le mâle accéléra le pas, clignant des yeux pour enlever l'eau qui brouillait sa vision.
Trébuchant, l'étalon se retrouve sur les genoux. Il se relève.
Couvert de bout; un peu plus qu'il ne l'était déjà.
Maculé.
Mais pas désespéré. Réaliste. Le paysage en noir et blanc que lui offrait sa vue l'horripilait.
Triste et sombre, invivable. Comment des endroits pareils ont-ils pu être créés ?
Il secoue la tête reprend sa marche silencieux.

Les bruits de ventouses sous ses sabots.
Qui l'aspirent lentement vers le fond; les enfers.
Son poil lourd ruisselle d'eau et de boue.

Il ne voit plus ou il voit.
Aveuglement.
Collision.
Glissement; encore une fois - dans la boue.

Une masse chaude contre lui.
Fragrance heureuse; entrelacée. Peur.

Excusez ma maladresse.

Tapie dans dans l'ombre la créature guette;
Elle attend, patiemment;
Ta mort.

Un regard gris, gris, et profond; comme les petits nuages maculés
de boue et de terre qui dansent sur sa robe épaisse.
Regard de vitreux. Ah non, mes yeux se troublent.
Je plonge, et je me noie. Déconnecté, envolé et je tourne, lentement, sous la Lune brillante, qui nous observe.
Oui, nous deux êtres de chair parmi ces âmes. Esprits perdus et désespoir.
Profond, profond, profond ...
Et je sombre, doucement.
Réveil brutal.

Cette boue. Oui. Toute cette boue. On s'y noierait presque.

Petit sourire discret. Le mâle s'ébroue. Fronce les sourcils, secoue la tête et prend un air peiné.

Mes excuses les plus plates, sincèrement. Vous voilà toute couverte de boue.

Petite jument grise, attaches fines et gracieuses. Petite tête délicate et gracieuse; hanche menues et saillantes.
Ensemble agréable.

Curieux endroits, tous, oui tous, condamnés à y demeurer, l'éternité passée.
L'étrange inconnue aux muscles discrets et déliés, à la robe grise comme un ciel d'orage, l'œil vif et triste.
Pourquoi, toutes ces rencontres éclectiques, tous ces mots qui ne servent à rien, à rien, à rien.
C'est comme sortir d'un coma profond, loin; la tête dans l'orage. Bourdonnement étrange qui résonne.
Esprits dans le ciel, qui se lèvent, se lèvent, se lèvent.
Je n'en vois pas la fin; le monde des morts a été ouvert, ses âmes prisonnières enfin libérées;
Molécules éparpillées.

Une vraie pataugeoire. J'ai presque passé l'âge de m'y engager.

Rire étrange, Doux et grave qui résonne entre les tombes éparpillées.
Le mâle brun se déplace, lentement; son attention portée sur l'entourage grisâtres des herbes folles encore accrochées à la terre brunâtre; tenaces.

Le temps d'observer tes crins croisés. Entrecroisés. Regards perdu; délibérés. Le temps d'un coupir.
D'une reflet, des regrets, du temps qui passe.
Je te regarde; j'explore l'éclat terne et vitreux de tes yeux;
de ta robe dont les pommelures, comme des larmes qui transpercent; acides mes pensées outrageuses.
Impudent; violeur d'idées. Carapace gelée.
Un gland pourri roule à mes pieds. Le mâle brun bouillasse baisse les yeux.
Étrange chaleur.

Ce n'est un secret pour personne; mais le mystère entretient le feux des illusions.

Suspense ? Imagination; chutes profondes qui creusent mes sens. Regard. Bouh !

Parce que tu t'interroges; ton visage interloqué, les pupilles dilatées.
Parce que tu me regardes, et que soudain, pour faire face à l'adversité, tu détournes le regard.
Tu as peur petite; tu frissonne en tous cas, à moins que ma robe sale et terne ne t'effraie.
Mes yeux se perdent avec mes pensées, qui volent,
volent et s'enfuient loin avec les petits nuages gris de ta pommelure.

Une figure décomposée se peint toujours sur le visage des mes interlocuteurs,
à l'entente de mes premières paroles.
La banalité touche tout le monde fatalement.

Nouveau petit rire frais qui résonne puis se perds doucement entre les tombes.

Une blague moyennement amusante me vient à l'esprit;
elle aurait été à prendre au second degré bien évidement.
Mais passons.

Sourire désolé; clin d'œil esquissé.

Un extra-terrestre, chose intéressante quoique peut-être un peu étrange dans la bouche d'une si jolie jument.
Ses oreilles s'agitaient, un léger balancement de décontenance. Symptômes normaux. Le grand mâle brin
agita sa crinière et partit d'un grand rire frais. Etait-il si étrange ? Crooked Smile ne s'était jamais posée la
question, pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi se remettre tout-à-coup en question ? Ses yeux se firent songeurs,
ses iris mordorées plongèrent dans les yeux de la femelle, non dans le but de la mettre mal-à l'aise, non,
juste pour en savoir plus.

C'est ce que vous pensez n'est-ce pas ?

Dit-il, un sourire paisible de nouveau sur ses traits.

Je suis étrange et indiscernable - de ce que je puis en constater en tous-cas - et personne ne me l'a
jamais dit; c'est une sorte d'impression que je ressent sans y prêter plus d'attention.

L'aube se brise;
attirée par la nuit.

Les nuages lourds qui assombrissaient le paysage de mort et d'ennui, migraient peu à peu vers le sud;
laissant le couple hétéroclite mais pas désagréable à l'œil seul au milieu des tombes éparses, les pieds
dans la boue - envahissante. Un rayon de soleil inespéré rattrapa le paysage, l'éclairant peu à peu et laissant
quelques rayons surs leurs corps sales et poussiéreux.
Crooked Smile la prunelle pensante et l'iris concentré sur les paroles de la jument et même sur sa personne
complète, tourna lentement son chanfrein brun vers l'astre, ferma ses yeux.

Le Temps passe et s'écoule à l'infini, il est long et ennuyant mais nous astreint à le suivre.
Pas de retour en arrière possible; quoique peut-être un jour; dans un autre monde peut-être ...
La seule question ici, est : est-il rare ?
Même si précieux, la réciprocité n'est pas toujours exacte n'est-ce pas ?

La tête réchauffée il rouvrit les yeux et replongea son regard dans celui de sa compagne.

Continuant son inspection, le mâle brun se perdait dans l'immensité des yeux de la belle Antartica.
Il secoua sa crinière brun foncé un sourire bienveillant au lèvre.
Optimisme d'un jour, qui ne dure jamais très longtemps.
Le jour ou l'optimisme ? Me demanderez-vous.
Les deux mon ami, les deux. Bien malheureuse coïncidence qui tue nos illusions et nos fantasmes.

Le brouillard se lève sous les coups vaillants du soleil. Il se bat pour vous.

Pas d'espoir;
seule la nuit qui nous enveloppe,
avec les éclats de l'aube et de nous même.

Le Soleil est l'espoir. Je n'en fait jamais mention pour je ne sais quelle raison qui m'empêche d'espérer. L'espoir est niait et déraisonné surtout. Les pessimistes sont destructeurs pour eux et pour leur entourage. Je me contente d'une place à l'ombre au milieu des deux. Poussés par les uns; attaqués par les autres. Vous savez qui sont les plus menaçant selon moi ? Vous n'y croiriez surement pas. L'habit ne fait pas le moine. Hahaha. Le mâle partit d'un rire sombre qui cassa l'air comme un coup dans la glace. Il ferma les yeux, désespéré lui même. Par quoi ? Personne pas même lui n'aurait pu le dire. L'avenir menaçant aurait un bon prétexte. La folie encore plus. Qui sait ?


Quel forme peut prendre le Soleil ? Telle est la question je pense.


Se contenter de penser. L'inaction te tuera mon vieux. Réflexion faite à lui même, plutôt juste.

Douce Aube qui nous enveloppe.
Doucement plus tiède que la nuit froide.
Gelée.


Pas d'envie de fuir ? Sourire narquois. S'envoler pour des vents meilleurs des odeurs plus agréables.
Pour trouver autre chose que des constats désespérants et des bêtes sans logique. J'ai bien peur d'être fou.


Et qui serait cette personne ? Sa pensée à due vous traverser, à voir votre visage éclairé,
comme il l'est à l'instant. Je vais peut-être bien vous laisser; pour ne pas faire déteindre cette
folie qui me prend sur votre douce personne.