Quelques oiseaux rougeoyants, promesses d'un ouest dévasté par le feu d'un Soleil incendiaire. Le grand mâle traversait lentement une clairière aux herbes hautes et sèches comme le vent. Ses sabots écrasaient sans pitié chacune de ces innombrables ramifications sorties de la terre sablonneuse. Sa robe brune chatoyait de milliers de reflets dorés. Il s'arrêta en silence, surplombant la Nature l'entourant, ferma les yeux inspira et gorgea d'air ses poumons. Une odeur lui chatouilla les naseaux. Récurrente ces temps-ci. Un parfum frais, un mélange d'agrume et de fleurs. Une fragrance chargée de souvenirs. Son pouls eu un raté, puis se reprit, imperceptiblement plus vite. Il se dirigea alors vers la source de ses pensées ... L'objet de tous ses tracas, s'il l'on peut sans parjure, l'appeler ainsi.

Une attirante femelle se tenait en effet non loin de lui, naseaux dilatés comme aspirant la brise sans fraicheur, qui tractait son parfum. Kordokov, pensa vaguement à le fuir, mais l'attirance se renforçait. Mesquine et désobligeante. Il s'arrêta à quelques mètres et fixa la petite jument d'un regard tiède. Glacier ardent.

KORDOKOV. - Le chemin n'est jamais le même mais ton parfum me poursuit.

Le visage fermé, Kordokov attendit la réaction de la femelle, sans trop d'impatience. Elle étaient en effet comme les siennes, assez cinglantes. Sweet Apple commença alors son petit manège provocant. La réplique fusa.

SWEET APPLE. - Allez , viens... Si tu es un mâle.

L'étalon courba alors son encolure puissante, naseaux dilatés, un rictus moqueur et provoquant sur ses lèvres grises. Il recula de quelques pas pour éviter la croupe insistante de la femelle en chaleur. Ses muscles étaient tendus à l'extrême. Combat sans pitié contre des hormones en ébullition. La sueur assombrissait lentement son poitrail à la robe brune. Il se remit distraitement face à la jument, la chaleur étouffante enserrant sa peau; embrumaient son cerveau. Le désir se renforçait. Il ne pourrait maintenir encore longtemps cette distance fuyante. Il dit alors d'un ton frais.

KORDOKOV. - Tu es têtue, ma parole.

Le mâle se laissa peu à peu s'enfoncer dans les brumes d'un désir placide. Chaleur insoutenable à l'extérieur comme sous sa peau brulante et imbibée de sueur. La femelle le provoquait continuellement. Ses yeux se fermèrent lentement. Seul le battement du sang contre ses tempes, l'atteignait. Le reste n'était que brouillard et bruits feutrés. La peau fine de ses naseaux était tendue. Il glissa lentement son flanc le long de celui de la jument gémissante. Il allongea l'encolure et passa sa tête fine sous celle de la jument qui du soulever la sienne brutalement. Et il la contourna de la même façon, passant de l'autre côté de son corps fin; et tremblotant de désir. Malsain. Revenu derrière elle, il souleva ses antérieurs de quelques centimètres, pendant ces quelques millièmes de secondes il perçut un tremblement de désir lui parcourir le dos. Qui stoppa net, quand le mâle reposa ses antérieurs sur le sol.

Alors, violemment il se leva une nouvelle fois et retomba sur elle. Il planta ses dents dans son garrot osseux.

Brûlure sans fin.


La femelle sembla se reprendre sous ses antérieurs. Elle avançait et lui décocha une légère ruade. Le sabot l'atteignit au poitrail et semblait vouloir le repousser. Petit jeu désagréable. Kordokov ronfla et se ré avançant sur le dos vacillant de sa partenaire, il mordit de plus belle et plus profondément encore la base de son encolure, lacérant littéralement son garrot. Il observa alors d'un regard morne et vide le sang poisseux qui coulait le long de l'épaule de la femelle, pendant qu'il s'unissait à elle.

Elle effleura encore son museau de sa croupe suintante. Un sourire aux lèvres. Les oreilles plaqués contre son crâne, les incisives en avant il couvrit une dernière fois la jument vibrante d'excitation. Ses sabots coupèrent sa peau bi-colore. Plus aucune tentatives pour l'éviter. Il se recula quelques minutes après. La poitrail suant et les crins emmêlés. Il poussa un dernier hennissement et s'éloigna les yeux froids.