L'air du paradis. — Libre

L'air du paradis.
Le bonheur est parfois plus proche qu'on ne l'imagine.

Un destin tracé sur une route oubliée...

Les arbres défilaient à toute allure. Ses yeux avaient à peine le temps de remarquer un obstacle pour ne pas foncer dedans. Au triple galop, une silhouette noire et flou était la source de tout ce rafuge. La frisonne ne savait pas très bien où elle allait, mais elle courait comme si un guépard était à ses trousses. Cependant, elle était loin d'avoir peur; oreilles dressés, encolure ramené en arrières, elle donnait plutôt l'impression d'être sur un chemin tout tracé. Quiconque l'aurait aperçue aurait cru qu'elle savait très bien où elle allait comme sa. En faite, Eclipse était totalement perdue. Elle avait entendu dire que Dark Revenge était venue ici. Hélas, son odeur avait disprau de ces terres et sa piste restait introuvable. Non seulement la pauvre jument n'avait aucun repère, mais elle avait perdu tout ceux qu'elle connaissait. Chacun s'êtait séparé, et elle n'avait plus jamais entendu parler d'eux, même de son tendre amour; El diablo. Alors elle courait vers une destination, n'importe laquelle, elle souhaitait seulement aboutir par coup de chance sur un indice, un signe qui lui montrerait qu'un de ses proches était passé là. Oreilles pivotantes, elle eue tout juste le temps de capter le son subtil d'un équidé qui devait ne pas être trop loin. Eclipse manoeuvra un arrêt brusque et freina des quatre sabots juste sous le nez d'une jument pie, l'air inquiète. Vite, l;a frisonne recula de quelques pas et se planta là, à fixer de la tête aux pieds cette jument étrangère. Toutefois, la noire ne dit rien. Elle était plutôt du genre à ne pas trop parler, surtout devant des inconnus. Elle renacla bruyamment, et le silence tomba comme une pierre. Les seuls sons audibles étaient son souffle saccadé et le ploc-ploc que produisait la sueur qui tombait de ses crins interminables.

Un son régulier et familier la tira de ses songes. Elle tourna légèrement l'encolure, oreilles pointées vers la source. Des sabots martelant le sol. Elle n'était plus seule. La jeune grise cherchait une silhouette, les oreilles à présent en arrière. L'inconnu. Et cette peur, cette méfiance qu'il l'accompagne partout. Elle crû apercevoir une ombre, une grande silhouette, et le galop se rapprochait. Ses muscles se contractèrent. Elle fouettait nerveusement l'air de sa queue. En réalité, l'action se passe plus vite qu'il ne semble. En quelques secondes, une jument noire comme la nuit avait surgit, et avait brusquement freinée à quelques pas d'elle. Dans un mouvement tout aussi brusque, voir même exagéré, la grise s'était elle aussi reculée, plus surprise par une telle entrée qu'effrayée. Elles restèrent plantées là, à s'observer de haut en bas. Peu à peu, les oreilles de la jument se pointèrent vers l'avant. Le soleil couchant se reflétait sur la belle robe noire de l'inconnue. La jeune plongea son regard dans le sien, mais quelques secondes seulement, pour éviter toute offense. Un frisson la parcouru. Un bruit sourd s'échappa des puissants naseaux de l'inconnue, puis le silence retomba. Même les grillons s'étaient tus. Arizona n'était pas du genre silencieuse, mais elle ne savait comment aborder les gens, surtout les inconnus. Elle se contentait de l'observer d'un regard pacifique, comme première politesse.

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