Rp court - De' et Kawai

Invité

Creeping in the wave of your mind.

Son dos mince se plia sous l'influence torride d'un air lourd qui vous embrume l'esprit et atténue vos sens, elle se sentit embrasée par la plénitude d'une liberté sauvage et originelle; jamais assez réelle pourtant. Juste assez pour le temps d'un vol, le temps d'une rencontre qui n'existe que dans les rêves que l'on enfouit dans les abysses de nos âmes. Ses longs crins rendus moites par la brise salée et les embrunts entravèrent son front et chatoyèrent d'une lueur terne devant ses yeux. Une fragrance exquise la toucha, elle décala ses hanches rondes d'affabilité. Le vent violent et suant découvrit subitement son visage et la courbe bienveillante de ses yeux cercla le nouveau venu. Les sentiments trop longtemps réprimés explosèrent, des images affluèrent derrière ses yeux mi-clos. Elle sourit, éprise d'un semblant de bonheur.

Ses membres lourds et sa robe sombre brillaient sous la nauséeuse lumière. Les rayons émoussés filaient le long des innombrables galets et le souffle du mâle se fit plus rêche. Sa gorge expulsant régulièrement l'atmosphère brulante que ses poumons absorbaient. Il allait en direction de l'eau, fraicheur inespérée et presque délictuelle au sortir du demi désert qui désormais le précédait. Il ronfla languissant et démembré par l'air enflammé. La gouaille des vaguelettes alla même jusqu'à mordre le poil de jais aux extrémités de ses antérieurs fatigués. Une fragrance miellée comme la douce couleur de sa proche descendance parcourut l'air. Il releva la tête.

Le vent tournait lui apportant différentes senteurs. Elle s'en délecta, les laissant guider ses pas. La tiédeur de l'air s'engouffrait dans ses naseaux pareils à du velours. Ses crins d'un blanc irréel voletaient sous la légère brise. Elle suait malgré le vent, la chaleur l'épuisant étrangement. Son pas se fit plus irrégulier, elle tanguait, de gauche à droite, faisant parfois des pas exagérément larges. La chaleur ambiante emmêlait ses souvenirs déjà flous de son incompétente expérience de la vie. Douce mélancolie.

Invité

Le ciel bas et irrégulier se plafonnait de nuages empilés et mornes, couleur de cendre. L'épaisseur des remous venteux lui révéla une autre présence tout autant alléchante. Les miroitements bruns de ses yeux épousèrent un instant les silhouettes alourdies et suffocantes des deux êtres. Ses poumons exhalèrent leur dernier souffle de fraîcheur; elle immergea le bas de ses membres dans l'eau opaque, compressée par la chaleur orageuse. Une douce ivresse consommait lentement la mèche de folie heureuse qu'elle tenait en son coeur. Elle s'éteindrait, oui sûrement, mais là, elle brûlait de désir comprimé, confirmant son actuelle prospérité dans les tréfonds de son âme. Agonie de celui qui n'a à la bouche qu'un bonheur faux et inventé. Elle parla ainsi à l'horizon flou, et le vent marin porta lui-même ses mots à ses deux compagnons de fortune.

- Êtes-vous venu vous aussi, chercher une tendre démence que vous n'avez jamais fait qu'imaginer ?

La rencontre au pigeon.

Vous êtes bien difficile ma chère. Nous sortons d'un désert - de roche ou de sable.

et l'eau vient, pour ainsi dire - nous cueillir fraichement. Ayant l'aimable pensée de nous donner compagnie.

Ses membres salis et usés par des années de marche entrèrent un a un dans l'eau tiède qui se révéla rafraîchissante par ce temps de grande chaleur. Rien qu'à se laisser aller toute entière son corps la remerciait déjà de cette délectable bénédiction. Cependant elle suivait toujours l'odeur de ces deux équidés, l'un mâle, l'autre femelle, plantés aux beau milieu de cette infinitée. Elle se rapprocha se faisant discrète et silencieuse. Sa silhouette fendait l'eau dans mille reflets et ondes qui se répercutèrent sur le duo. Ils ne montrèrent pas de signe d'agressivité distinct envers la petite grise. Nox se joignit donc à eux et a cette conversation qu'elle déduisit mystérieusement belle tout en baignant dans le silence pour l'instant.

Elle avait contré la mousse tiède et laiteuse qui planait au bord de l’eau, et dont les flocons incommodes s'accrochaient à son poil moite; à présent qu’elle s’était avancée, la mer terne et plate léchait les bords de ses genoux. Oui, elle était alors plus jeune et plus innocente, ce jour où elle avait observé son visage entre deux plumes volantes, jour où son âme s'était balancée, tantôt lourde tantôt légère, au rythme des paroles du mâle et de la respiration éreintée d'un funeste pigeon. Le souvenir chimérique lui grilla le peu de raison qu'il lui restait; elle s'abandonna toute entière à sa transe extatique. Ses yeux s’enflammèrent d’une intense lueur avide à l’écoute des paroles légères et délicieuses de son interlocuteur. Son regard parcourut l’entièreté du corps masculin, grand et brun, empreint d’une noblesse confiante et gracieuse, pour enfin remonter lentement jusqu’à ses prunelles hâlées.

- Il me semble que j’aie moi-même cueilli meilleure compagnie encore, plus que je ne l’aurai pu espérer. Ses mots glissèrent suaves sur les vagues invisibles de l’air rocheux et salé et s’éteignirent dans les yeux du grand brun. Elle inclina élégamment la tête vers la grise taciturne aux membres endoloris et aux courbes sauvages. L’alezane avait dans ses traits une sorte de sensualité maternelle qui lui valait bien souvent le bien-être et la confiance de ses compagnes féminines. Celle-ci l’intrigua au plus haut point et elle se réjouit de sa présence, tandis que ses gestes muets ondulaient jusqu’à eux. J’ose espérer qu’il en est de la sorte pour vous aussi, au quel cas vous m’en verrez ravie. Elle accompagna ses mots sucrés d’un sourire large et brillant.

Un infime tremblotement de la surface de l’eau l’interpella un moment. Des perles grises plongeaient sur la surface bétonnée du liquide jusque-là immobile et creusaient de petits cratères. L’alezane leva gracieusement son visage et le haut de son encolure vers le ciel orageux, et des gouttes tièdes roulèrent lentement sur sa peau lisse et dans le creux de ses paupières.

Votre compagnie me réjouie toujours. Et par tous les temps.

Un sourire timide naquit sur ses lèvres charboneuses, signe de joie. Ses yeux aux reflets iridescent se plantèrent dans ceux de son interlocutrice y percevant une faible lueur de satisfaction. Leurs paroles étaient empreintes de sonorités incomparablement merveilleuses. La petite grise se laissa aller au plaisir, prise toute entière par ces jeux de mots inaccoutumés. Nox prit place aux côtés du mâle à la robe baie brune qui lui offrit gentillement plus d'espace; elle rétorqua alors, éprise d'une drôle de douceur dont elle se délecta une fois les mots dit dans un souffle.

— Evidemment; vos présences me réjouissent, et il faut avouer que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas rencontrée de personnes fortes agréables.

— Aussi, voudriez-vous bien me donner vos noms qui doivent être d'une délicatesse inimaginable; comparables à vos allures d'antan.

Invité

A présent, une pluie fine et tiède, couleur de cendre, attaquait leurs corps meurtris de voyages et de chaleur dont les maux s'évanouissaient dans l'eau sans fond. Leur joyeuse rencontre, disposés ainsi en cercle, leur donnait des airs de confrérie invocatrice. Les yeux pétillants de l'alezane ne manquaient pas un geste du grand bai dont elle nourrissait son attitude libertine, tout comme l'ébauche d'un doux sourire naissant sur les lèvres de la grise qui fit bondir son coeur entre ses côtes. Elle ne se défit guère de son sourire sensuel, gaie et avenante envers ses opulents compagnons.

- Nous pouvons donc penser que c'est un ciel de fortune sous lequel nous sommes rassemblés; l'orage et l'océan semblent propice aux rencontres plaisantes, affirma-t-elle, presque complice. Son regard s'arrondit lorsqu'il croisa celui du mâle brun dont elle convoîtait tant la comique subtilité de ses mots.Vous savez, le nom qui m'a été donné ne vient pas de moi, il est d'une infinie fadeur, plus plat encore que cette eau qui nous soulage. Si je voulais vous être compréhensible, je dirais que je vous nomme en mon coeur telle que je vous ressens; un sentiment, un visage, répondit-elle avec légèreté à la demande de la grise.

Je ne prend pas non plus les noms comme chose prenante. J'en apprécie la saveur mais je ne pense pas que le mien vous intéresse, à juste pensée. Il parait qu'il me correspond, mais je n'en ai, jamais vraiment eut la preuve, tangible ou insondable.

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