― You don't call me. Because i hate you. I hate you.
L i b r e

Alejandrò. Alejandrò... Cette sensation de mal-être qui me poursuit partout, partout. Où que j'aille, quoi que je fasse, j'ai l'impression que quelque chose se trame, dans mon inconscient. Mais j'étais trop réaliste pour attacher quelconque importance à cela. C'était bien trop idiot de ma part de croire que je pouvais être relié à quelqu'un ou à quelque chose, là, quelque part. Je venais d'arriver sur Life Horse & ce changement d'état devais être dû à l'incertitude de ces terres. Je n'avais pas encore rencontré autre forme de vie que deux ou trois mulots et quelques oiseaux. Rien de bien méchant, au contraire. Cette solitude - apparente ? - me réjouissait et à la fois m'inquiétait. Pourtant, depuis deux jours, pas l'ombre d'un prédateur, ne serais-ce qu'un poil ou une ombre suspecte. Rien. Je m'étais arrêté au sommet d'une butte de terre et me remis en marche. La faim me taraudait car j'étais à jeun depuis le matin. J'aurais très bien pu m'arrêter et brouter l'herbe verte et grasse que je foulait en ce moment mais la vue, un peu plus en contrebas, de pommiers chargés de fruits rouges et étincelants, m'avaient momentanément décidé à attendre encore un peu pour assouvir les grognements devenus incessants de mon estomac mécontent. Lorsque j'arrivai aux alentours du jardin fruitier, je m'arrêtai, reniflai l'air d'un air suspect puis me dirigeai prudemment vers un pommier dont les branches étaient si chargées qu'elles touchaient presque terre. Je soufflai inquisiteusement sur une de ces pommes à l'apparence si délicieuse et croquait dedans sans hésiter. Effectivement, elles étaient succulentes. Je continuai mon repas, agrémentant les fruits de quelques feuilles de pommier ou bien d'herbe qui, en comparaison, semblaient fade face au jus sucré de fruit.

Elle avance aussi silencieusement qu’une vipère et son encolure longue avec un regard doux et pétillant, elle ronfle des naseaux et elle secoue son encolure faisant voleter ses crins. Aucun vent, pas de pluie, du soleil. Du soleil qui éclaire sa robe grise et qui fait frissonner son corps de délice. Son humeur remonte en flèche et elle s’ébroue et part dans un trot joyeux. La faim la tiraille mais malgré l’herbe semblant être délicieuse elle résistait car elle voyait non loin d’elle un verger avec de délicieuse pommes. La queue en panache elle accéléra son trot, affamé. Et puis elle arriva dans le lieu paradisiaque. Les pommes touchaient presque le sol tellement qu’elles étaient nombreuses pour l’arbre qui n’arrivait plus à supporter le poids. Elle zigzague alors entre les arbres, un sourire joyeux sur ses lèvres et puis en plein galop elle attrape une pomme qu’elle croqua, le jus dégoulina sur ses lèvres ruisselant sur son encolure et elle ronfle des naseaux. Elle s’arrête alors et retombe en enfance. Une fois la pomme mangée, elle se cacha derrière les arbres essayant de ne pas être vue par un étalon qu’elle venait d’apercevoir. Elle avançait alors vers lui très silencieusement et puis arriver à son niveau, cacher derrière un arbre elle sortit et lâcha un grand : « BOUH »

( Tsss ¬¬ )

« BOUH ! » Je manquais de m'étrangler avec la pomme que je venais d'entamer. Je fis un bond en arrière et toussais bruyamment. La pomme ayant - enfin ! - trouvé son chemin dans ma trachée, je regardai en direction de ce qui avait causé une réaction si violente chez moi. Instinctivement, je plaquais mes oreilles en arrière et soufflais de naseaux. Puis, d'un coup, je me sentis stupide. Emergeant des pommiers, une jument couleur de l'astre lunaire était plantée là, sans doute heureuse de l'effet produit par sa stupide intervenance dans mon monde. Je grognai. Cette imbécile n'avait-elle rien de mieux à faire, à son âge, que d'enquiquiner le monde comme une vulgaire pouliche ? Je fit une grimace. Il y a avait bien des gens étranges... C'était ma première rencontre et je tombais sur une immature. Pouah ! Je me détendit pourtant ; le danger n'était pas si grand, après tout.

J'avalais ma salive et secouai la tête pour débarasser mon champ de vision des crins qui l'obstruait. Je soupirai et me détournais de la grise. Je croquai à nouveau dans une pomme, comme si la jument n'existait tout simplement pas. Arf, quel idiot ! J'aurais aimé à cet instant remonter dans le temps et ne pas broncher d'un seul cil lorsqu'elle aurait entrepris sa manoeuvre enfantine. Mais c'était impossible, hélas... J'avais beau tenter de l'oublier - ce que j'arrivais parfaitement à faire avec qui que ce soit - de me dire qu'elle n'existait pas, mais son image restait devant mes yeux bien que ceux-ci soit dirigés droit sur les feuilles du pommier en face de moi. Sa tête fine aux traits arabes, son visage doux et expressif surmontés de ces deux yeux qui semblait me dire : alors Alejandrò ? On se dégonfle ? Non ! Je ne me dégonflai pas. Mais je ne me retournerais pas pour autant vers... me postérieurs se déplacèrent latéralement.

« Salut. »