*Vent Automnale, j’ai bien peur que tu sois fou.
-Benjamin, j’ai bien peur que je le sois.* Une âme étrange, un esprit de folie. Ces deux personnages étaient si opposés. Rien ne les unissait, et tout les rassemblait. Un étalon étrange, un homme ailleurs. L’homme est à l’envers, il n’a plus les pieds sur terre. L’étalon a le sabot bien lourd, et est toujours là au détour. Et en ce jour, la douce chaleur, ne pouvait que ravir les êtres.
Vent Automnale marchait avec lenteur. Depuis combien de temps, n’avait-il pas foulé ces Terres ? Depuis combien de temps, son être tout entier n’avait pas galopé ici ? Depuis combien de temps, Benjamin n’avait pas ressenti ses sensations, ses frissons ? Il n’en savait rien. Il semblait juste que des années s’étaient écoulées. Depuis, il avait grandi, mentalement. Il s’était habitué à voir en lui, cette âme humaine. Le combat avait été difficile. La fureur de Benjamin, vis-à-vis de sa nouvelle apparence, et le passé douloureux de Vent Automnale avait crée une guerre infernale. Mais ils étaient enveloppés par une camisole inébranlable. S’ils leur arrivaient d’être en désaccord, ils n’en étaient pas moins liés. Un lien étrange, envoûtant, et tellement farouche. Ce lien arrivait, repartait, restait. Mais ils étaient là. Vent Automnale était à Benjamin. Benjamin était à Vent Automnale. L’amitié, le partage, et dans le fond, la même personne.
Depuis combien de temps, je restais en compagnie de Vent ? Tellement de temps. Tellement d’années…Tellement d’années…Tellement de mois…Tellement de jours…Tellement d’heures…Tellement de minutes…Tellement de secondes…Tellement…Maintenant, j’étais là, avec lui. Je l’aimais. Il ne me restait que cet étrange étalon. Son histoire s’était ouverte à moi. Il était malheureux. J’étais seul. Nous nous sommes unis. Coûte que coûte. Et maintenant, je me sentais cheval. Je ne me voyais plus comme un homme, mais comme un étalon. Furieux, farouche, coléreux, mais infiniment gentil. Parfois, nos deux caractères différents, nous empêchaient de nous entendre. Mais y avait-il une grande importance, à cela ? Nous reprenions la route, et nos pensées ne devenaient qu’une. J’étais Vent Automnale. Vent Automnale était moi.
L’étalon se mit à galoper. Sans raison. Juste pour évacuer la pression, le retour. Ses membres tombaient violemment sur le sol. Des particules de sable voletaient dans les airs. Son encolure musclée se secouait dans tous les sens. Ses crins volaient avec légèreté. La beauté. L’étrange beauté. Il était beau. Vent Automnale était une saveur cachée. Un vent d’automne. Un vent humain. Son corps luisant, ne lassait paraître aucune humanité. Et pourtant ses yeux couvraient un humain. Et cet humain, avait découvert le monde, avant son passage.
Alors, que l’étalon s’arrêtait se cabrant, ruant, renâclant, une beauté au corps, il ne sentit pas arriver. Son égo.