S o m e d a y

Les armes les plus violentes étaient celles du cœur. Comme le dit le proverbe, il a ses raisons que la raison ignore. Le temps d'une infinie promesses, folle, volant dans un enthousiasme hystérique. L'instant d'un souffle de vent, d'une mèche échappée, d'un regard brillant. Souvenir passé, aux couleurs ternies mais aveuglantes encore pourtant. Serrement de cœur. Alors ils fermaient leurs yeux, humides d'une brise légère. La gorge serrée à ces pensées douloureusement lointaines et pittoresques.

Union d'un souffle. Le moment d'une parole. Souffle des mots qui tempête dans leur cœur écrasé par l'adrénaline. Enfin, enfin, enfin (...)

Happé par le zéphyr de cette nuit détachée, le son de la voix du mâle tendu dans l'air froid et anesthésiant de cet hiver sans fin effleura l'ouïe de la petite jument palomino. Elle murmura à son tour, prenant une cadence lente molle en direction de son frère.

AESTHER - Æquinoctium, Equinoxe ...

L'inconnu la galvanisait. Un souffle d'air dans les poumons, des larmes au cœur, les yeux secs et brillants, Aesther fixait d'un air incohérent le mâle à la robe cuivrée. Son frère. Connu par le biais de murmures et de vagues souvenirs d'un mère mélancolique. Il n'avais pas pu la connaître par autre chose. Par une vision moins douce, décrite dans la tension et la rancœur, l'abandon, le sevrage d'un enfant précoce. Le temps semblait assombrir leur vie, l'âge fixant peu à peu une teinte foncé à leur robe. À les voir, ainsi, côté à côté, si différents, si uniques, et si sembles à la fois l'on aurait pu croire qu'ils étaient jumeaux. Le temps d'un instant. Et cela aurait pu être vrai. Un coup manqué et ils n'auraient fait qu'un. Les statistiques mises de côtés, ils n'auraient fait qu'un mais sans doute différent. Le propre des gène est de se dispatcher par paire, issus de deux être pour en former la réunion. Crooked Smile eut-il pu avoir un frère qui partageait son adn ? La question reste là.

Comme aurait dit Decency, en son temps, tant de questions restent, sans réponses (...)

AESTHER - Où voudrais-tu me voir ? Dans ton sang, dans tes veines, ton cœur, le temps qui passe, les promenades malheureuses, le regard de notre mère ou seulement dans les traits de mon père, inexistante ? Et puis quoi ? Toujours regarder en arrière, se sentir vivant, observer les oiseaux dans l'espoir incertain de les rejoindre un jour (...) Tu n'a pas grandi finalement, tu restes, aussi jeune que moi à croire en l'impossible.

Ses mots s'envolèrent, libres et purs. Remplis de vérité et d'espoir; Equinoxe s'en voulait tellement. Comment pouvait-il souhaiter la disparition d'un être ? Sa demie-sœur, par dessus tout ? Les pensées du mâle s'affolèrent, rendaient son esprit incohérent et totalement lunatique. Il ne savait plus qui il était, il ignorait son caractère. Sa réaction se fit attendre. « Non Aesther, je ne crois plus. L'espoir de vivre un jour heureux et normal, de sourire rien qu'en entendant le chant d'un oiseau est mort. Crevé. Je l'ai banni de mon esprit depuis des années. Depuis le jour où j'ai souhaité ta disparition, je ne vis plus. » Son cœur s'arrêta quelques infimes fractions de secondes. Pathétique, il avait avoué à sa propre famille ce qu'il cachait depuis tant d'années. Il s'en voulait tellement d'avoir de telles pensées. Il aurait voulu qu'Aesther ne soit jamais née. Il aurait voulu vivre normalement. Il aurait voulu avoir un père et une mère, non pas deux fantômes brisés. Stupide espoir infantile. Au final, Aesther avait raison.