MoonPearl, anciennement Lena Parrs, commence à s'habituer à sa nouvelle vie, bien que sa conscience humaine reste toujours aussi forte, parfois en conflit avec son nouvel instinct équin. Cela pouvait donner à de forts conflits internes, mais la fraichement jument arabe croisée savait comment les faire taire au bout d'un moment. Elle esue dans les hauteurs enneigées pour justement prendre de haut ses soucis et que l'air frais l'aide à réfléchir loin de prédateurs immédiats. Quand elle finit enfin de monter l'ardue pente, elle ne peut s'empêcher de souffler de soulagement :

- "Ouah pas trop tôt ! Je commencais à avoir mal aux membres moi ! Et avec deux "jambes" en plus, cela fait au final deux fois plus de douleur !"

Puis elle se fige, au bord du plateau : un peu plus loin se trouve un élégant étalon pie, avec une oreille couchée, attentif et méfiant. L'ancienne humaine connait fort bien ces codes :

"Et bien, il n'est pas ravi de me voir ici, celui là !"

Elle reste figée, fière mais prudente, pouvant presque se fondre dans le paysage avec sa robe grise presque blanche, le vent alpin faisant danser ses courts crns éclatants. Moonpearl tend la tête avec prudence, les oreilles dressées et hennis avec douceur :

- "B... bonjour à vous."

MoonPearl le regarde s'avancer vers elle avec curiosité, l'air un peu plus abordable et aimable qu'avant, et le fixe avec une profonde curiosité mêlée à de la méfiance face aux étranges attitudes de l'inconnu, songeant:

"Quelque chose ne va pas avec moi ?"

Il semble étonné de la trouver ici. Bon ok, ce n'est pas tous les jours que l'on verra des chevaux arabes, même croisés, venir affronter les altitudes alpines, mais bon... l'ancienne humaine sait qu'elle n'est pas une jument normale, et intérieurement le revendique. Il ne parlait pas mais l'observait, tandis que MoonPearl pensait :

- "Il n'est décidément pas comme les autres... c'est curieux. Il n'a pas le comportement d'un cheval dit "normal"."

Le seul son qu'il produit ressemble plus au bêlement d'un cerf ou d'un daim qu'un henissement de cheval. Bien que surprise, elle ne lui porte pas de jugement critique, comme elle-même avait été rejetée par foule de chevaux indigènes du coin, à cause de son "odeur particulière" que seuls les anciens humains avaient. Elle n'aime pas infliger aux autres ce qu'elle refuserait qu'on lui inflige. L'ancienne humaine se risque à annoncer :

- "Heu... Je suis MoonPearl. Et vous ?"

Son accusation la prend de court, surtout quand il crache à côté d'elle. MoonPearl ne comprend pas, mais couche les oreilles et recule de quelques pas, prête à se défendre si besoin, même si son insctint lui hurle de fuir :

Non, je lui tiendrais tête ! Je ne me laisserais pas insulter par la faute d'autrui !

Fière, directe et têtue, elle se fige dans sa position de défense et hennis avec force :

- "Ho là ! Les humains ne sont pas tous des tueurs, contrairement à ce que vous pensez ! Il y en a, mais je n'en fais pas partie, ils me répugnent. Ce sont les chasseurs qui vous ont fait ce tord ! J'en sais rien pourquoi ils l'ont tués, ce sont tous des tarés dans cette branche de toute manière !"

Tapant avec force de ses antérieurs dans un mini-cabré, ses yeux d'ordinaire froids et doux jettent des éclairs (figuré hein !) alors qu'elle reprend sur le même ton vexé :

- "Mais je ne tolère pas d'être insultée sans raison valable, vous feriez mieux de vous reprendre ! J'ai beau avoir été humaine, être tombée dans ce lieu dans un corps de jument, il me reste mon âme et ma conscience passée !"

MoonPearl reste sans voix devant toutes ses paroles. Si elle avait été humaine, elle serait devenue pivoine et pleurerait sans doute. Car oui, elle a beau être froide, réservée et humaine, elle reste un être particulièrement sensible. Puis entre ses dents passe un faible murmure :

- "Tout ceci... n'est qu'un cauchemard, hein ? Juste un songe... je vais me réveiller d'ici là."

La tête basse et les yeux embués de larmes sincères qu'elle refuse de faire couler dans sa fierté, elle poursuit d'une voix désespérée :

- "Je n'aime pas à en avoir à arriver à ces arguments là, mais pour certain c'est les lois de la nature ! Vous... on mange bien des plantes non ? Et les plantes, ce sont bien des êtres vivants aussi ? Et appelle t-on cela un génocide pour autant ! Non. On n'aime pas forcément tuer, ni la manière dont certains sont tués, on peut vouloir se rebiffer contre... la nature a toujours le dernier mot. Pensez donc aux jeunes louvetaux : que penser quand ils font leur première victime ?"


J'aurais beau essayer de le raisonner, de le convaincre de lé vérité de ces fondements, je crains qu'il ne les accepte pas. Depuis quand Lena Parrs est-elle en train de philosopher avec un cheval ? Je dois vraiment devenir folle... je n'aime pas attaquer, je n'aime pas la violence, mais je ne me laisserais pas me faire tuer en gardant les bras croisés ! Il y a des choses que la raison ne peut expliquer au coeur. Que le combat soir inégal, peut m'importe ! J'ai mon honneur à défendre.

Pui elle redresse la tête et le regarde avec des yeux noisette où se mêlent la colère, l'indignation et la tristesse, puis lui lance avec gravité :

- "Faites comme bon vous semble de mes propos, mais je n'aime pas mentir. Vous aurez beau me tuer, vous aurez les mains sales d'un sang d'une innocente. Quel mérite de tuer quelqu'un pour en faire un exemple ? Mon brave, si vous vouliez les tuer, ces chasseus, ma foi je ne vous retiendrais pas. "

A croire que le ségrégationisme existe même dans la nature... j'en reviens pas ! Moi qui pensais que c'était un fléau humain, me voilà servie ! Que devrais-je faire ? Il est si... si... cruel et borné. N'arrive t-il pas à comprendre que nous avons, nous aussi, des différences, et fort heureusement ! Je n'ai pas envie de ressembler à certains crétins que je connais !

Moonpearl contient sa colère, sachant que là elle n'a pas la balle dans son camps, et pas vraiment de choix à vrai dire. Son instinct de survie équin domine enfin sa fière consciene humaine durant quelques secondes, mais elle reste distante et méfiante, trouvant ainsi un compromis entre les deux volontés :

- "Les chasseurs sont des humains que je méprise, surtout ceux qui se comportent comme ce que tu m'as décris. Il font cela pour... pour leur petit plaisir personnel et pour remonter leur égo. Je sais, c'est cruel, mais ils sont encore plus stupides qu'une méduse... ils répondent à une sauvagerie, à un besoin de sang. Mais tous les humains ne partagent pas ce point de vue, ou nous serions déjà tous morts en nous entretuant."

Je n'oserais jamais aimer la mort d'une créature végétale ou animale. Je n'ai jamais accepté la réalité des abattoires, des chasses et des corridas, mais j'ai toujours su qu'hélas nous étions des prédateurs, et qu'à moins de devenir végétariens et avoir un régime de santé impossible, on ne tient pas longtemps. Je... je n'aurais jamais aimé voir Démon dans mon assiette, ni quelqu'un tuer pour son plaisir. La seule chose que je tolère, c'est quand c'est un besoin vital pour ne pas mourir affamé. Et je n'ai pas envie de mourir, là. Je... je dois trouver un chemin pour rentrer, s'il existe... je dois savoir pourquoi ce phénomène est apparu... je dois... vivre.

MoonPearl se détend légèrement alors que l'autre lui laisse plus de liberté, ses oreilles encore oscillantes et méfiantes. Elle souffle légèrement, tout en écoutant les paroles de l'étalon pie, et reste surprise par la profondeur des propos. Sa concscience humaine la pousse à répondre, ce qu'elle fait d'une voix encore secouée par l'émotion :

- "Nous... nous connaissons ce genre de chose, par des pourritures. Mais je comprend votre réaction, bien qu'elle me blesse un peu. Si les autres humains se nourrissent de la viande, ils n'en mangent que le nécessaire, et font de leur mieux pour ne pas faire souffrir leurs proies. On a ce principe là. On élève aussi des animaux, et ils sont bien traités dans l'ensemble."

Ses yeux noisettes reprennent de leur sénérité et de leur gravité alors qu'elle reprend :

- "Je comprend cette peur, mais vous n'avez rien à craindre de moi. Je ne sus pas comme eux. Il y a des humains qui méprisent les abus des autres humains, moi compris. J'ai trop aimé et respecté les chevaux pour vouloir une telle horreur, et ceci s'étend aux créatures qui sont chassées pour le plaisir d'autrui."