[PM Apocalypse Now]

Invité

"Les désirs charnels,
toujours, encore et toujours,
ils ne veulent que cette propriété de l'autre,
ils ne comprennent que ça,
et je me tue encore plus de ces jeux."

Une averse orageuse s'abattit sur les routes pavées et les toits crevés; les gouttes ternes et tièdes creusèrent de petits cratères odorants dans la couche de poussière qui ensevelissait ce monde sans âge. La fragrance du béton humide et de la terre chaude germa en elle en petites bouteilles de parfums d'ivresse. Mais elle était indéniablement seule et son ébriété retomba en voluptueuses réflexions sans but et sans foi. Elle se creusait l'âme sans penser, elle cherchait quelque chose sans savoir quoi; elle n'avait aucun objet de jouissance, rien. Le peu de choses qui la délecta fut cet univers alambiqué où elle était tant de fois passée, telle une ombre flamboyante, mais alors cela n'avait jamais été aussi marquant que par le temps qu'il faisait aujourd'hui. Terre et ciel se confondaient dans un horizon global, le ciel bas était plafonné de nuages épais et grisonnants, qui noircissaient et pesaient sur la terre. La pluie exaltante et son parfum capiteux et provoquant, découvrait superbement les courbes parfaites, d'une spectrale beauté et perfection, de l'alezane. Elle se perdait modestement dans les affres de son esprit cotonneux, un peu avide d'une présence susceptible d'éveiller en elle plus d'activité. Bien que par ce jour étrange, elle se sentit une toute autre forme, une toute autre chose et conscience qui tenait un peu en retrait ses ardeurs habituelles et la rendait un peu plus humaine, en elle-même.

Invité

La voûte des bâtiments de roche et d'acier pendait avec désolation au-dessus des têtes et entourait les rues délabrées où l'herbe germait peu à peu, se faufilant entre les maigres fissures qui pouvaient offrir asile. L'eau, rapidemment abondante, se mit à ruisseler dans les fentes et les caniveaux défoncés; dans un bruit léger d'autre-monde. Earwen contourna plusieurs maisons et perçut de nombreux bruits qui lui indiquaient présence. Quelqu'un. Elle eut un infime soupir et apperçut de loin une silhouette mâle, noire et blanche, qui bientôt disparut dans l'ombre de la ville. Elle continua son chemin dans la rue, se faufila dans de nombreuses ruelles et le devança, ses pas feutrés et délicats couverts par le vacarme de l'orage venant. Elle s'en délecta, un reste d'aménité et de sensualité remonta un peu en elle. Elle expira cela lorsqu'elle se retrouva face au mâle. Bien là sur la folle route, là et pourtant jamais réelle. La pâle lueur de sa robe alezane brillait faiblement dans l'air terne, éclaboussant les parois des maisons. Ses yeux bruns se posèrent sur ceux de son compagnon. Elle ne savait pas quoi faire, elle était juste là, il était juste là, deux âmes errantes dans les abysses d'un orage sans lendemain, d'une vie sans foi et sans but.
Son sabot droit racla le sol, elle s'avança un peu.

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